samedi 9 juin 2007

Le lièvre et la tortue

La session parlementaire à Ottawa se termine sur une bien drôle de note. D'un côté on a un Gilles Duceppe affebli d'une année sous le signe de nombreux volte-faces (direction du Parti Québécois, débat sur la nation Québécoise), de l'autre, on a un Premier Ministre Conservateur en perte de vitesse et en panne d'inspiration, du côté de l'opposition officielle, les choses ne vont guère mieux. Le nouveau chef Libéral, Stéphane Dion, est incapable de connecter avec la population et se faire connaître ailleurs qu'au Québec entraînant ainsi, avec lui, son parti dans le fin fond de l'échiquier politique. Seul Jack Layton, le chef néo-démocrate, semble bien s'en tirer. Et encore, il bénéficie, plus qu'autre chose, de la débandade Libérale actuelle. Le coup de M. Layton d'aller chercher Thomas Mulcair comme lieutenant au Québec, demeure toute fois un très bon coup. Dans cet article, je m'attarderai davantage sur le cas de Stéphane Dion.

Quelle est la base du problème M. Dion ? À mon avis, tout part de son élection à la tête de son parti... En effet, nous devons jamais oublier que M. Dion a surprenament remporté la course grâce à l'appui des délégués anglophones. Tous les délégués Québécois étaient du côté de son adversaire de l'époque: Michael Ignatieff. Pourquoi ne pas avoir écouté les délégués Québécois ? Si un homme doit actuellement avoir le sourire fendu jusqu'au oreilles, c'est bien M. Ignatieff ! Il reste dans son poste de chef de l'opposition adjoint derrière et attend patiament que son tour revienne... Comme ce fût le cas pour Jean Chrétien, ce sont les anglohones qui ont placé M. Dion à la tête de ce parti. Ces gens s'imaginent que, parce que leur chef est francophone, il sera ainsi capable de connecter avec les Québécois. Pourtant, la montée en force des Conservateurs et de leur chef Albertain, Stephen Harper, démontre bien le contraire...

M. Dion est tout sauf à l'écoute des Québécois. Qu'il s'agisse de la loi sur la clarté, une loi anti-démocratique, ou encore du fait qu'il ne reconnaisse pas le déséquilibre fiscal, on peut se demander à l'écoute de quels Québécois l'actuel chef Libéral est-il à l'écoute ? M. Dion a également une vision extrèmement centralisatrice du Canada, tout à fait dans la lignée des Trudeau et du «mentor» de M. Dion, Jean Chrétien. Or, personne au Québec ne souhaite un fédéralisme davantage centralisé, au contraire ! Tous les partis à Québec s'entendent là dessus.

Ainsi, M. Ignatieff, a été le plus brillant des deux en acceptant de se ranger derrière M. Dion et de passer son tour, sachant fort bien que le règne de M. Dion ne serait qu'éphèmère, très éphèmère. Le poste qu'il occupe présentement lui offre du rayonement et une comparaison avantageuse à M. Dion. Alors que le chef de l'opposition officielle a encore bien de la difficulté à poser ces questions en chambre, son chef d'opposition adjoint qui pose les questions immédiatement après, arrive, sûr de lui, et «varlope» le gouvernement en place. Il aurait été facile pour M. Ignatieff de partir, lui qui s'était lancé en politique spécialement pour la course à la chefferie qui se dessinait au Parti Libéral. Il aurait été facile pour lui de retourner enseigner à Harvard ou dans une autre université tout aussi prestigieuse ailleurs dans le monde et ainsi revenir à la vie de «jet-set intellectuel» qu'il vivait avant. Il a décidé de rester. Maintenant, tout porte à croire que ce fut la bonne décision.

Dans cette course, M. Dion est le lapin, celui qui part vite, mais qui s'essoufle rapidement. M. Ignatieff, lui, est la tortue, celle qui commence lentement, mais qui en bout de ligne remporte la course.

1 commentaire:

Maxime a dit...

Tu évoques des mythes qui ont la vie dure. Premièrement, ayant été moi-même un délégué Dion lors du congrès à la chefferie de décembre 2006, je dois souligner que près de Stéphane 30% des délégués québécois étaient pro-Dion. Ignatieff l'emportait avec 37%, mais il restait un nombre important de délégués, surtout des pro-Rae, qui ont eu à choisir entre Dion ou Ignatieff. Certains ont choisi Ignatieff, d'autres Dion. Il est difficile de l'estimer. Je crois que M. Ignatieff a obtenu une majorité de délégués québécois en bout de ligne, mais Dion a tout de même eu un nombre important de votes de ses compatriotes. A-t-il été placé par les Anglais ? Il y avait certes une majorité d'anglos, à ce congrès, mais il y avait de nombreux francos.

Tu fais une inversion spectaculaire entre les rôles du lapin et de la tortue. Je me souviens, lorsque Dion a déposé sa candidature à la chefferie : tout le monde était mort de rire et tout le monde voyait Ignatieff chef du PLC. Et puis, Dion additionne les appuis petit à petit et réussi à être 4e en termes de délégués.

À la veille du congrès, plusieurs observateurs avaient "guessés" que M. Dion serait l'heureux élu.

Au Congrès, Dion accumule les appuis : Hall Findlay, Kennedy, Volpe, Brison, etc. Ces appuis, solides, ont permis à M. Dion d'augmenter tranquillement mais surement ces appuis et a finalement dépassé Ignatieff, dont les appuis avaient plafonnés. Ignatieff est parti en lion et Dion a marché au pas de tortue. La tortue l'a remporté.

Maintenant, en ce qui a trait aux intentions que tu prêtes à Ignatieff, je crois que M. Ignatieff est un homme de principe. Il a été très déçu de sa défaite, mais c'est un homme de politique, non un homme de la politique. Je pense qu'il fait son travail du mieux qu'il peut pour obtenir le pouvoir. Si effectivement Dion mange une volée aux prochaines élections, il sera peut-être tenté de tenter sa chance à nouveau. Mais en ce moment, il travaille pour être ministre dans un cabinet Dion (et ça va arriver).

Mais même si Dion était défait aux prochaines élections contre Harper, est-ce que Ignatieff sera toujours le grand sauver ? Que fais-tu des Gerard Kennedy, Bob Rae et Martha Hall Findlay ? Ce sont tous des adversaires potentiels de Ignatieff et qui ne seront pas prêts à le couronner. Leurs partisans non plus. La réalité, c'est que l'avenir de M. Ignatieff serait beaucoup plus radieux en tant que ministre fédéral que candidat à la chefferie du PLC dans l'opposition.